Né à Avila vers 1550
Mort à Madrid le 27 août 1611


omás Luis de Victoria (son nom est parfois écrit à l'italienne : Tommaso Lodovico da Vittoria), compositeur espagnol de musique sacrée, est considéré comme le plus grand polyphoniste qu'ait produit la péninsule Ibérique, à côté de Cristóbal de Morales. Son oeuvre rivalise de majesté, d'expressivité ou d'inventivité avec ce qu'ont écrit de meilleur Palestrina à Rome, Josquin des Prez en Flandre, Roland de Lassus à la cour de Munich ou William Byrd en Angleterre.

Biographie:

Sa vie est très mal connue. C'est à Avila, où il est né, que Victoria est enfant de choeur à la cathédrale, y apprenant vraisemblablement le contrepoint en chantant la polyphonie de ce temps. Il est peut-être l'élève de Bartolomé Escobedo (sûrement pas de Morales) et semble avoir connu sainte Thérèse, qui était en relation avec un de ses frères, Augustin. Il vécut une trentaine d'années à Rome.
En 1565, il entre au Collegium Germanicum comme chanteur, et y est peut-être élève de Palestrina, dont il a deux des fils pour compagnons. Ses études sont autant théologiques que musicales, et le mènent à la prêtrise (il est ordonné en 1575). En 1569, Tomas Luis da Victoria devient organiste de deux églises espagnoles de Rome, Sancta Maria di Monserrato et San Giocomo. Il succéde à Palestrina comme maître de chapelle au Séminaire romain (1571-1572), puis devient maître de chapelle du Collegium de 1573 à 1578. De 1578 à 1585, il est chapelain de San Girolamo della Carità et se trouve étroitement associé à Saint Philippe Neri.
En 1579 il entre au service de l'impératrice Maria (soeur de Philippe II d'Espagne), fille de Charles Quint et veuve de Maximilien II d'Autriche; il la sert durant vingt-quatre ans. Sans doute fait-il ensuite plusieurs voyages en Espagne. En 1592, il fait un second voyage à Rome, mais il retourne définitivement dans son pays natal en 1596. Il est alors nommé chanteur, puis organiste du couvent des Descalzas Reales de Madrid, où s'était retirée sa protectrice, Maria l'impératrice. Quand elle meurt, Victoria écrit une messe de requiem (1603), et il reste simple organiste du couvent jusqu'à la fin de sa vie.

Oeuvres sacrées:
  • 20 messes de 4 à 12 voix, dont un Requiem ; quatre de ces messes empruntent leur thème à d'autres compositeurs (Morales, Guerrero, Palestrina et Janequin)
  • 1 office des morts (Officium Defunctorum ou Requiem), à 6 voix, composé pour les funérailles de l'impératrice Maria (1603),
  • 1 office de la Semaine Sainte (Officium Hebdomadae Sanctae,Rome, 1585 ; 37 pièces),
  • 46 motets de 4 à 8 voix en six livres,
  • 18 Magnificat,
  • 35 hymnes en 2 livres (1581 et 1600),
  • des psaumes,
  • des antiennes à la Vierge,
  • des cantiques,
  • des Litaniae de Beata Vergine (Litanies à la Vierge).

Commentaire:

Compositeur mystique, Tomas Luis da Victoria ne laisse, fait exceptionnel pour l'époque, aucune pièce profane.
Toute son oeuvre est consacrée à la gloire de Dieu, tel Popule meus. Non seulement il n'a jamais écrit de "madrigaux" ni de "canzonette", mais il n'a jamais utilisé de thèmes profanes, comme il était d'usage à l'époque, dans les messes polyphoniques: les siennes sont construites sur des thèmes empruntés à ses propres motets, ou sur des mélodies du vieux plain-chant mozarabe. Ayant longtemps vécu à Rome, il a subi l'influence de Palestrina et il exerça lui-même une certaine influence sur son aîné. Mais il se distingue fondamentalement de celui-ci et des autres musiciens de l'école romaine par un intense lyrisme mystique spécifiquement espagnol.

d'après Encyclopaedia Universalis et Olga Bluteau


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